Le Musée des confluences à Lyon propose, jusqu’au 16 février 2025, une exposition intitulée « Épidémies : prendre soin du vivant ». Au dire de ses concepteurs, ce projet d’exposition, antérieur à l’épidémie de Covid 19, a été inspiré par exposition présentée de 2018 à 2021 par la Smithsonian Institution au National Museum of Natural History (NMNH).
L’exposition fait le choix de l’interdisciplinarité, mêlant les dimensions variées de l’histoire (histoire sociale, histoire des sciences), de l’anthropologie ou de l’histoire de l’art. L’ouvrage qui en est tiré est d’ailleurs ponctué d’entretiens avec Sabrina Sholts, anthropologue et conservatrice au NMNH, Frédéric Keck, anthropologue au CNRS et Guillaume Lachenal, historien des sciences (Sciences-Po). L’expérience humaine des épidémies est envisagée sous ses multiples dimensions : bas-relief et amphores illustrent l’intensification des échanges commerciaux autour du bassin méditerranéen, inséparable de la diffusion des « pestes » antonine et justinienne, aux IIe et VIe siècles. Une statuette indienne du XIXe siècle, de la déesse Mariamman, « capable de donner la variole aussi bien que d’en guérir les fidèles », illustre la permanence d’une perception religieuse de l’épidémie. Un singe vert parmi ceux peints en lavis par Françoise Pétrovitch illustre la « mobilisation générale » des artistes, associations et soignants lors de l’épidémie de Sida.
Ces quelques exemples suggèrent l’ampleur chronologique du parcours proposé. Il est structuré en six parties, selon une logique historique. Une première partie « Humains, animaux et micro-organismes » rappelle l’ancienneté des relations entre humains et pathogènes. « Le temps des grandes pestilences » évoque les bouleversements épidémiques et les réponses apportées jusqu’à l’atténuation de la pandémie de peste au XVIIIe siècle, faisant apparaître certaines permanences anthropologiques mais surtout les bouleversements incessants des visions du monde auxquelles donnent lieu les épidémies. « Nouvelles échelles épidémiques » illustre la diffusion planétaire des pathologies mais aussi l’internationalisation de la science et des réponses sanitaires. Une médaille prêtée par la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine vient rappeler l’effort de vaccination antivariolique entrepris par les autorités publiques à la toute fin du XVIIIe siècle. La méthode scientifique, relation nouvelle que l’humanité entretient avec les agents pathogènes, fait l’objet de la quatrième partie « Étudier, voir, cultiver l’infiniment petit ». Une cinquième partie, « Maladies émergentes et nouveaux acteurs », souligne le renouvellement incessant de la menace épidémique, qu’il s’agisse du Sida, d’Ebola, ou de maladies à venir, favorisées par la destruction de l’environnement naturel. Avec « Mémoires d’épidémies », le parcours se clôt en invitant le visiteur à « porter un regard historique sur les épidémies ».
Rappelons qu’une exposition aux Archives nationales avait été consacrée aux épidémies, à laquelle la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine avait également contribué (voir notre précédent billet).
François Léger
Informations pratiques :
Exposition « Épidémies, prendre soin du vivant », Lyon, Musée des Confluences, 12 avril 2024 – 16 février 2025
Références bibliographiques :
Épidémies, prendre soin du vivant, Lyon, Musée des Confluences ; Paris, Éditions Courtes et longues, 2024
Pour citer ce billet :
François Léger, « Épidémies, prendre soin du vivant », Site de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine [en ligne]. Billet publié le 22 novembre 2024. Disponible à l’adresse : https://bibliotheque.academie-medecine.fr/epidemies-prendre-soin-du-vivant.