Le carton de dessins – II. Saint François d’Assise

Les imprimés renferment de-ci, de-là, des dessins manuscrits, de la simple manicule indicatrice au croquis explicatif, du « crayonnage » distrait au dessin plus abouti. Ce sont ces dessins, dans leur grande variété, que cette rubrique a pour vocation de vous faire découvrir.

Le volume au début duquel figure le dessin présenté aujourd’hui est un recueil de quatre ouvrages de Philippe Mélanchthon (1497-1560), l’un d’entre eux imprimé en 1526 par Simon de Colines (1475/480-1546), les trois autres en 1527 par son beau-fils Robert Estienne (1503-1559) qui vient alors de s’installer à son compte, prenant comme marque d’imprimeur un olivier dont une branche se brise, et la devise empruntée à l’Épître aux Romains (11.20) de saint Paul : « Noli altum sapere » (« Ne t’abandonne pas à l’orgueil »). Il est relié en plein veau, estampé à froid, et la trace de deux lacets subsiste.

En page de garde de ce recueil se trouvent deux citations :

« Non est felicitas divitiis abundare sed virtutibus, nec infelicitas inopiâ gravari, sed flagitiis » et « Hominis opes pulcherrimae sunt literae », qu’on peut proposer de traduire comme suit : « Le bonheur, ce n’est pas abonder en richesses, mais en vertus ; de même que le malheur, ce n’est pas être accablé par le besoin, mais par les vices » et « Les Lettres sont les plus belles richesses de l’homme ». On trouve notamment trace de la première de ces citations dans un évangéliaire de 1519, comme commentaire au livre 3 de l’Apocalypse.

A côté de ces citations, figure un dessin qui représente saint François d’Assise en robe de bure, recevant les stigmates. Comment interpréter la présence de ce dessin ? La première citation, une invitation à la pauvreté et à la vertu, coïncide avec les objectifs de saint François. La représentation du fondateur de l’ordre des Frères mineurs sur un recueil d’ouvrages du futur rédacteur de la Confession d’Augsbourg (1530) peut être comprise, quant à elle, comme résultant de la volonté d’associer deux grands réformateurs de l’Église, saint François et Melanchthon.

Jérôme van Wijland

 

Référence des ouvrages imprimés :

Philippi Melanchthonis De corrigendis studiis sermo. Rodolphi Agricolae de formandis studiis epistola doctiss., Parisiis ex officina Roberti Stephani M. D. XXVII. 17-[1] f. ; in-8 (cote : D 613 (1))

Philippi Melanchthonis De arte dicendi declamatio, Parisiis ex officina Roberti Stephani. M. D. XXVII. 12 f. ; in-8 (cote : D 613 (2))

Compendiaria dialectices ratio : authore Philippo Melanchtone, Parisiis apud Simone[m] Colinaeu[m]. 1526. 43 f. ; in-8 (cote : D 613 (3))

Philllipi Melanchthonis De rhetorica libri tres, Parisiis ex officina Roberti Stephani. M. D. XXVII. 56 f. ; in-8 (cote : D 613 (4))

 

Autres sources :

Evangelistarivm Marci Marvli Spalatensis Viri disertissimi : opus uere euangelicum, cultissimoq[ue] adornatum sermone, sub fidei, spei & charitatis titulis, in septem partitu[m] libros, [Nuremberg], Ioannes Koburger, [Bâle], Adam Petri, M.D.XIX

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