Jacques Bréhant, Voltaire et Thanatos

Nous publions aujourd’hui dans le catalogue Calames l’inventaire du fonds de Jacques Bréhant. Il a mené une carrière de carcinologue et de chirurgien en Algérie puis à Paris et participé aux activités de plusieurs sociétés savantes. Parallèlement à son activité médicale, il a mené des recherches en sciences humaines, s’intéressant particulièrement à Voltaire.

Né à Nancy, en Meurthe-et-Moselle, le 30 avril 1907, Jacques Bréhant est le fils de Roger Bréhant, professeur de philosophie, et d’Amélie Bréhant, née Bessière. Il commence ses études au lycée Buffon et les poursuit à la Faculté de médecine de Paris. Il épouse Colette Brulfer le 10 février 1936, avec qui il a quatre enfants.

Il soutient à Paris, en 1937, sa thèse de médecine : La résection chirurgicale des nerfs splanchniques, qui est récompensée par le prix Rebouleau de l’Académie de médecine. Lorsqu’il est reçu deuxième au concours de l’internat à Paris, son maître, Charles Lenormant le persuade de poursuivre sa carrière en Algérie. Il combat durant la Seconde Guerre mondiale en Tunisie, et démarre ensuite sa carrière en Algérie. Il obtient la direction du centre anticancéreux d’Oran en 1951, puis celle du centre Pierre & Marie Curie d’Alger en 1958. Il connaît aussi le succès dans sa carrière universitaire. Professeur de clinique carcinologique en 1961 puis professeur de clinique chirurgicale et carcinologique en 1962 à l’université d’Alger, il en devient le doyen pour 1962 et 1963.

À la suite de la décolonisation, sa carrière en Algérie prend fin en 1966. Il obtient alors une place de professeur de la Faculté de médecine à l’hôpital Necker-Enfants malades en 1967. Il participe aux activités de nombreuses sociétés savantes, dont l’Académie nationale de médecine, l’Académie royale de médecine de Belgique, l’Académie de chirurgie, la Société française d’Anesthésie et d’analgésie et la Société de Thanatologie de langue française. Il est aussi membre correspondant de l’Institut des sciences morales et politiques. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 28 janvier 1980, puis officier le 31 décembre 1983. Jacques Bréhant décède à Paris, le 23 février 2000.

Jacques Bréhant est élu correspondant de l’Académie nationale de médecine pour la division de chirurgie en 1974. Il en est élu membre libre (VIIe section) le 7 février 1978.

Son travail est bien connu de l’Académie de médecine. En plus de sa thèse, pour laquelle lui a été décerné le prix Rebouleau, il publie également Le chirurgien en présence de l’état diabétique, en 1946, couronné par le prix Laborie en 1948. Il fait trois communications traitant de carcinologie à l’Académie avant d’en devenir correspondant : « Le dépistage des adénopathies intrathoraciques des cancers du sein par la phlébographie mammaire interne » et « Esquisse de la physionomie du cancer en Algérie » en 1961, « La chimiothérapie par voie carotidienne dans le traitement des cancers de stade avancé de la tête et du cou. Étude de cent cas » en 1965. Dans les années 1970, alors qu’il est membre de l’Académie, il oriente ses communications vers des sujets de sciences humaines. Il écrit dès lors, si l’on omet un dernier article de carcinologie (« Les cancers du xeroderma pigmentosum » de 1977), sur deux sujets : Voltaire d’une part, la mort de l’autre. Sur ce dernier sujet, il publie en 1974 l’article « À propos du manifeste de “The Humanist” sur l’euthanasie », puis en 1988, « Existe-t-il une bonne définition de la mort ? » Il fait six communications sur Voltaire, de 1978 à 1987. Il écrit également sur Phèdre en 1977, et sur Montaigne en 1992, à l’occasion de son quatrième centenaire. Pierre Lefebvre écrit son éloge, publié dans le Bulletin de l’Académie nationale de médecine en 2001. Une photographie le montre le 13 décembre 1983, accompagné de Pierre Emmanuel, membre de l’Académie française, dans le salon Lhermite de l’Académie de médecine.

Jacques Bréhant a laissé une partie de ses archives en Algérie. Cela explique peut-être la composition singulière de ce fonds, où l’on ne retrouve pas de documents médicaux. Organisé selon le tri de Jacques Bréhant lui-même, le fonds comporte trois parties. La première concerne l’ouvrage publié par Jacques Bréhant chez Robert Laffont en 1975 : Thanatos, le médecin et le malade devant la mort. Elle comporte les coupures de presse qui ont servi à Jacques Bréhant pour rédiger Thanatos, des manuscrits de l’ouvrage, et enfin de la première épreuve, annotée.

La deuxième partie comporte les documents et travaux de Jacques Bréhant sur Voltaire. Elle comporte des coupures de presse, les manuscrits des travaux de Jacques Bréhant sur Voltaire, ainsi que le manuscrit dactylographié de son ouvrage paru en 1989 chez A.-G. Nizet, L’envers du roi Voltaire (quatre-vingts ans de la vie d’un mourant), et les tirés-à-part des interventions de Bréhant sur Voltaire pour différentes sociétés savantes. Elle contient aussi la correspondance de Jacques Bréhant relative à ses recherches sur Voltaire.

Enfin, la troisième partie contient des reproductions des articles de Jacques Bréhant pour Les Nouvelles de Versailles, ainsi que le reste de la correspondance que Jacques Bréhant a entretenue avec ses maîtres et collègues.

Raphaëlle Dreyfus

 

Pour citer ce billet :

Raphaëlle Dreyfus, « Publication du fonds Jacques Bréhant », Site de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine [en ligne]. Billet publié le 8 juillet 2022. Disponible à l’adresse : https://bibliotheque.academie-medecine.fr/jacques-brehant.

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