Les unica de la Bibliothèque – I. A Treatise of Midwifry

Un unicum est un livre dont un seul exemplaire est répertorié. Nous présenterons dans cette rubrique des ouvrages conservés par la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine qui ne se trouvent ni dans les autres bibliothèques relevant de l’enseignement supérieur et de la recherche ni à la Bibliothèque nationale de France. Sélectionnés pour leur rareté, ces ouvrages sont aussi remarquables pour leur intérêt scientifique et intellectuel.

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A Treatise of Midwifry in three parts, publié dans sa première édition à Dublin en 1742, est l’œuvre de Fielding Ould. Né en 1710 d’une mère irlandaise et d’un père anglais membre de l’armée britannique, Ould a exercé à partir de ses dix-neuf ans et pendant cinq ans comme prosecteur au département d’anatomie de l’École médicale de Trinity College, à Dublin. Il y a développé des compétences en anatomie, mais ce sont surtout les deux années qu’il a passées ensuite à Paris pour apprendre le métier de sage-femme qui lui donnent l’occasion d’observer des accouchements (ce qu’il n’aurait pu faire nulle part ailleurs, note-t-il dans son Traité). A son retour, le College of Physicians de Dublin, à qui il revient d’accorder l’autorisation nécessaire pour exercer, lui ouvre l’accès au métier d’accoucheur.

Billet_2017_TreatiseOfMidwifry_PortraitOuldSon parcours fait d’Ould une figure très singulière : il est « man-midwife », c’est-à-dire homme sage-femme, avant d’être médecin, à une époque où le métier de sage-femme est très peu considéré, mal ou pas du tout enseigné. L’activité d’Ould lui vaudra d’ailleurs les plus grandes difficultés lorsqu’il cherchera à compléter sa titulature par un diplôme médical : car le College of Physicians décide en 1753 que ceux qui pratiquent ou ont pratiqué l’art des sages-femmes ne sauraient postuler pour une licence de médecine… Annobli en 1760, Fielding Ould ne sera licencié en médecine qu’en 1785, à l’âge de 75 ans.

Quoi qu’il en soit de ces difficultés, Ould a connu de son vivant la reconnaissance pour le travail qu’il a accompli à partir de 1759 comme Master of the « Rotunda hospital » de Dublin (fondé en 1745), maternité destinée aux déshéritées, mais aussi en exerçant au service de la noblesse. Le Treatise on Midwifry est son unique ouvrage publié, et fait de lui un des pionniers de l’obstétrique, par sa démarche résolument fondée sur l’observation anatomique et la remise en cause d’autorités anciennes. Il a le grand mérite d’exposer à partir d’observations précises le déroulement de l’accouchement normal. Il décrit ainsi la mécanique du travail de l’accouchement, et rend compte de la position et des mouvements du fœtus. Il en déduit les techniques de délivrance, normales ou exceptionnelles, sans ou avec instruments. Il recommande l’usage d’opiacés contre les douleurs, s’oppose à l’extraction prématurée du placenta, conçoit un perforateur caché dans une gaine, et propose une première description de l’épisiotomie.

La Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine possède un exemplaire de l’ouvrage, dans une édition de 1748. L’ouvrage sera par la suite réédité en 1767.

François Léger

Bibliographie :

Ould, F., A treatise of midwifry in three parts, London, Printed for J. Buckland,…, 1748.

Brody, S. A., « The life and times of Sir Fielding Ould: man-midwife and master physician. », Bulletin of the History of Medicine, 1978, vol. 52, p. 228?250.

Dunn, P. M., « Bartholomew Mosse (1712–59), Sir Fielding Ould (1710–89), and the Rotunda Hospital, Dublin », Archives of Disease in Childhood – Fetal and Neonatal Edition, 1er juillet 1999, vol. 81, no 1, p. F74?F76.

Longo, L. D., « Classic pages in Obstetrics and gynecology. Fielding Ould, A treatise of midwifry, in three parts. », American Journal of Obstetrics and Gynecology, 1er avril 1995, vol. 172, no 4, Part 1, p. 1317?1319.

Siebold, E. K. J. von, Essai d’une histoire de l’obstétricie, traduit par François Joseph Herrgott, 3 vol., Paris,  G. Steinheil, 1891.

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