Au printemps dernier, les filles du docteur Étienne Fatou ont fait don à la bibliothèque de l’Académie de médecine d’un ensemble de documents de leur père.
Ayant commencé ses études de médecine sans enthousiasme – le jeune Étienne Fatou, encouragé par son père à embrasser une profession libérale, tire à pile ou face entre le droit et la médecine -, il saura sa vocation acquise suite à la présentation d’un malade par Georges Dieulafoy à l’Hôtel-Dieu. Reçu à l’externat en 1910, il fait sa 1e année à l’hôpital de la Pitié, sa 2e année à l’hôpital Broca et sa 3e année à l’hôpital Andral. La Première Guerre Mondiale interrompt ses études et ce n’est qu’en 1921 qu’il devient interne des hôpitaux de Paris. Chef de Clinique médicale à l’Hôtel-Dieu de 1925 à 1928, il est ensuite chef de Clinique thérapeutique à la Pitié à partir de 1930. Il sera assistant de consultation à l’hôpital Saint-Antoine (1932-1951) et à l’hôpital Broca (1951-1958).
Les documents donnés sont de diverses natures. On y trouve une photographie d’Étienne Fatou assis à côté d’un squelette, six tirés à part de ses articles parus dans les Bulletins et Mémoires de la Société médicale des Hôpitaux de Paris entre 1919 et 1934, une lettre d’Henri Vaquez, ainsi que le texte dactylographié de ses souvenirs de premières années d’études (1908-1913). Écrits sur un ton enjoué, ces souvenirs présentent le quotidien d’un étudiant de médecine, partagé entre matinées à l’hôpital, cours et distractions dans le Quartier latin en fin d’après-midi. Ils nous font aussi suivre le traitement de quelques cas cliniques, certains tragiques, d’autres plus légers. Enfin, ce qui renforce l’intérêt de cet ensemble, ce sont les 17 plaques de verre photographiques de dessins qu’Étienne Fatou a réalisés dans les années 1920-1930. Ces plaques, représentant des radiographies thoraco-abdominales et gastriques, ainsi que des coupes histologiques, étaient utilisées pour illustrer ses articles comme ces deux images en attestent :
A droite la figure 4 de l’article « Réaction méningée atypique et lésions cardiaques au cours d’un granulie » par Georges Brouardel et Étienne Fatou, dans Bulletins et Mémoires de la Société médicale des Hôpitaux de Paris, 7 mai 1920.
La consultation de ces documents peut être complétée par la lecture du mémoire qu’Étienne Fatou et Achille Louste ont rédigé pour concourir au prix Dieulafoy de l’Académie de médecine en 1922, L’éventration diaphragmatique – texte qui leur a valu d’être les lauréats cette année-là.
Anaïs Dupuy-Olivier