En février 2014, les archives professionnelles de l’hématologue Paul Chevallier ont été données par sa famille à la Bibliothèque de l’Académie de médecine.
Originaire de la Sarthe, Paul Chevallier décide, une fois bachelier, de s’orienter vers la médecine alors que ses parents souhaitaient qu’il devienne avoué. Il gagne la capitale et franchit avec succès les étapes de la formation de médecin : interne des hôpitaux de Paris en 1909, docteur en médecine en 1913, chef de clinique-assistant à l’hôpital Saint-Louis en 1919. Rapidement, Paul Chevallier, homme curieux et ouvert, va s’écarter de la dermatologie et s’intéresser aux maladies du sang, domaine dans lequel les connaissances sont à l’époque limitées. Ses maîtres en hématologie seront Justin Jolly (1870-1953), Paul Portier (1866-1962) et Prosper Emile-Weil (1873-1963). Médecin des hôpitaux de Paris en 1927, professeur agrégé en 1929, il devient chef de service à l’hôpital Cochin qu’il quitte en 1941 pour l’hôpital Broussais.
Très vite, Paul Chevallier devient un hématologue reconnu en France et à l’étranger, et œuvre pour développer cette branche de la médecine.
En 1927, avec Paul Émile-Weil, il fonde la revue Le Sang qu’il dirigera jusqu’à sa mort et à laquelle il contribuera régulièrement comme en attestent ses archives : nombre de ses articles y figurent en plusieurs exemplaires. Il crée, en 1931, la Société française d’hématologie, première société au monde se consacrant aux affections sanguines. Il en sera secrétaire général, président et président d’honneur. Il sera aussi président de la Société européenne d’hématologie et de la Société internationale d’hématologie (1954). En 1948, l’Université de Paris crée la première chaire de clinique des maladies du sang. Compte-tenu de ses recherches et travaux, Paul Chevallier en est chargé et ainsi, est à l’origine de son enseignement en France. Il formera de grands noms de l’hématologie française dont Jean Bernard (1907-2006) et Georges Mathé (1922-2010). En parallèle de ces responsabilités, il mène une importante activité de chercheur dont les méthodes sont basées sur les sciences fondamentales, la pratique clinique et l’expérimentation animale. Ses recherches portent sur différentes formes d’anémie, sur les leucémies, sur les syndromes hémorragiques, sur la maladie de Hodgkin…
Jusqu’à la fin de sa vie, Paul Chevallier fera preuve d’originalité et d’esprit d’aventure : malgré des problèmes de santé, il accepte en novembre 1959 d’aller enseigner l’hématologie à la faculté de Meshad en Iran où il meurt le 17 juin 1960.
Les archives données à la bibliothèque de l’Académie de médecine sont révélatrices des recherches et centres d’intérêt de Paul Chevallier tant en hématologie qu’en dermatologie et vénérologie : on y trouve de nombreux numéros de revues et tirés à part relatifs à ces questions, des notes préparatoires à des cours ou issues de consultations, ainsi que des albums de photos et dessins représentant divers problèmes dermatologiques (eczéma, herpès, zona, chancrelles, tuberculoses cutanées…). Ces archives sont en cours de classement et seront signalées sur Calames dès que l’inventaire en aura été fait. Bien que Paul Chevallier n’ait pas été membre de l’Académie de médecine, un dossier biographique à son nom est consultable à la bibliothèque.
Note : les informations sur Paul Chevallier sont tirées des Bulletins et mémoires de la Société médicale des hôpitaux de Paris, vol.76, 1960, p. 1326-1330, et, du site de l’Association amicale des anciens internes des hôpitaux de Paris.
Anaïs Dupuy-Olivier